Document d'enregistrement universel 2022

Perspectives : Nicolas Hieronimus, Directeur Général de L’Oréal

Risque 4 : le changement climatique devrait conduire à une augmentation de la fréquence et de l’intensité des évènements météorologiques extrêmes, défavorables à l’agriculture, notamment le changement des régimes de précipitations. Les analyses et les estimations réalisées à ce jour indiquent que l’évolution globale des coûts des principales commodités agricoles (huile de palme, noix de coco, sucre de canne et de betterave, soja) serait davantage impactée à moyen terme par l’évolution de l’offre et de la demande que par l’effet du changement climatique sur le rendement des cultures de ces commodités. Néanmoins, des évènements climatiques extrêmes pourraient contraindre, de façon épisodique, la disponibilité de certaines commodités, et augmenter leurs coûts. À titre d’exemple, les phénomènes climatiques El Niño ou La Niña, ont eu un impact sur la disponibilité des commodités végétales provenant d’Asie du Sud Est.

Opportunité 1 : les réglementations et standards actuels et futurs, liés à l’empreinte environnementale des produits et à l’affichage associé, vont contribuer à augmenter la sensibilité des consommateurs sur ces sujets. Des études récentes menées en France suggèrent que les consommateurs prêtent une attention toujours plus grande aux étiquettes des produits et souhaitent faire des choix de consommation plus durables.

Les acteurs du secteur cosmétique qui ont opté pour une communication sincère et transparente sur leur impact environnemental et social peuvent en tirer un avantage compétitif qui se matérialiserait par une hausse de la demande. L’Oréal est pionnier dans son approche multicritère sur l’impact des produits, au-delà des standards réglementaires. Le développement de l’outil SPOT, suivi du système d’affichage environnemental permet de répondre aux attentes élevées des consommateurs et les informe sur l’empreinte carbone des produits parmi de nombreux autres critères environnementaux.

En 2021, L’Oréal s’est engagé dans une démarche sectorielle en cocréant avec ses concurrents le Consortium Eco Beauty Score, dont l’objectif est de mettre au point une méthodologie scientifique de mesure des impacts environnementaux.

Opportunité 2 : une opportunité de marché consiste à innover et à développer des produits adaptés aux consommateurs situés dans des zones de stress hydrique. L’une des conséquences du changement climatique est l’accroissement du nombre de régions du monde confrontées à des périodes de pénurie d’eau, notamment dans les zones urbaines. La fréquence croissante de ces pénuries pourrait entraîner des changements dans les habitudes des consommateurs par exemple en termes de douche, et de lavages des cheveux.

Dans ce contexte, L’Oréal pourrait accroître le développement de nouveaux produits, routines, ou nouvelles technologies qui améliorent le rinçage ou économisent l’eau en phase d’utilisation, et sensibilisent les consommateurs aux enjeux de qualité et de disponibilité de l’eau.

Opportunité 3 : la tendance mondiale s’oriente vers une hausse du prix des énergies non renouvelables à moyen terme. Cette tendance est liée à la réglementation et aux taxes sur les combustibles fossiles, ainsi qu’à l’équilibre complexe entre l’offre et la demande.

L’élimination progressive par L’Oréal de l’usage des combustibles conventionnels, en faveur des énergies renouvelables protégerait le Groupe de la hausse des prix des énergies fossiles contribuant à des coûts d’exploitation inférieurs à ceux supportés par d’autres industriels insuffisamment engagés dans cette transition énergétique. L’Oréal s’est engagé à utiliser 100 % d’énergie renouvelable sur tous ses sites opérés d’ici 2025, en développant des projets d’autoconsommation d’énergies renouvelables sur site, ainsi qu’un approvisionnement en énergie 100 % locale et renouvelable (électricité, chaleur, biogaz, etc.). L’Oréal est déjà engagé dans cette voie avec par exemple la réalisation d’une série de projets d’autoconsommation d’énergie renouvelable sur site aux Etats-Unis, en Europe de l’Ouest, au Brésil, en Chine, en Australie.

Démarche de gestion des risques et opportunités

La Direction Éthique, Risques et Conformité identifie et évalue les risques avec l’ensemble des départements concernés. Une analyse complémentaire des risques est effectuée au niveau des entités opérationnelles, notamment en ce qui concerne les risques physiques associés au changement climatique.

Les contributions sont recueillies auprès des principaux responsables opérationnels mondiaux et des experts du domaine, dans toutes les activités et toutes les zones géographiques du groupe. Les risques liés au climat font l’objet d’une approche spécifique, régulièrement mise à jour, qui permet leur identification et l’évaluation de leur impact financier et stratégique, lorsque la réputation ou le développement à long terme du Groupe sont concernés.

La cartographie globale des risques Groupe est revue régulièrement, validée par le Comité Exécutif une fois par an, et présentée au Comité d’Audit. Le processus de revue des risques du Groupe ainsi que la mise à jour régulière de l’étude climat permettent une constante adaptation des politiques et des priorisations. Les cibles et plans d’actions mis en œuvre dans le cadre de L’Oréal pour le Futur constituent une contribution importante pour modérer les risques climat identifiés.

Mesure des résultats et reporting

Dans le cadre de la première génération d’engagements Sharing Beauty with All, le Groupe a défini dès 2013 un certain nombre d’indicateurs environnementaux. Ré-évalués et complétés en juin 2020 dans le cadre de L’Oréal pour le Futur, ces indicateurs couvrent l’ensemble de la chaîne de valeur du Groupe dans les domaines des émissions des gaz à effet de serre, de l’eau, de la biodiversité, des ressources et des déchets. Ils supportent des objectifs à horizon 2030. Leur progression est publiée annuellement (voir paragraphe 1.3.2).

Concernant le changement climatique, les objectifs annoncés dans le cadre de L’Oréal pour le Futur sont alignés avec l’initiative Science Based Targets que L’Oréal a rejoint en 2015. Dans ce contexte, L’Oréal s’est engagé à réduire les émissions de gaz à effet de serre de l’ensemble de sa chaîne de valeur (Scopes 1, 2 et 3) de 25 % en valeur absolue (tonnes d’équivalent CO2) et 50 % par produit fini, d’ici à 2030 et par rapport à 2016. En 2022, les émissions de CO2 totales du groupe ont diminué de 6,2 % par rapport 2016.

L’Oréal a rejoint en 2019 l’initiative Business Ambition for 1.5°C, des Nations Unies et s’est engagé à atteindre zéro émission nette de CO2 d’ici 2050.

Un bilan gaz à effet de serre est établi et publié annuellement et décrit le détail des émissions sur l’ensemble des postes décrits par le GHG Protocol.