« Nous avons accéléré notre métamorphose vers le Nouveau L’Oréal : plus universel, plus digital et plus durable »

Jean-Paul Agon
Président-Directeur Général

Quelle a été la performance de L’Oréal pour l’année 2015 ?

Malgré un ralentissement de la croissance mondiale, la performance du groupe a été solide. La croissance du chiffre d’affaires a été forte, aidée par un effet monétaire positif. Trois de nos Divisions sur quatre ont surperformé leur marché. Et nos résultats ont été de bonne qualité.

Pouvez-vous nous en dire plus ?

L’Oréal Luxe, Cosmétique Active et la Division des Produits Professionnels ont connu une croissance soutenue, améliorant encore leurs positions mondiales sur leurs marchés respectifs. Quant à la Division des Produits Grand Public, sa croissance s’est renforcée au second semestre 2015, ce qui lui a permis d’améliorer sa performance par rapport à 2014. Surtout, nous avons tout mis en œuvre pour la mettre en situation de regagner des parts de marché en 2016, en rénovant l’image de ses marques, en saisissant toutes les opportunités des segments de consommation les plus en croissance, comme le maquillage ou le naturel en soin capillaire, en amplifiant le rythme d’innovation et enfin en accélérant les investissements digitaux.
Géographiquement, nous avons continué à nous développer sur tous les continents. Le rythme de croissance a été solide en Europe de l’Ouest. En Amérique du Nord, notre performance a progressé trimestre après trimestre. Quant aux Nouveaux Marchés, la croissance y a été contrastée, entre les difficultés du Brésil et le dynamisme soutenu dans des pays comme la Turquie ou l’Inde.

Et en termes de résultats ?

Le résultat d’exploitation a fortement progressé, de + 12,8 %, la marge d’exploitation ayant atteint le niveau record de 17,4 %. L’année a été marquée également par une forte augmentation du bénéfice net par action, à 6,18 euros, soit + 15,7 %, ainsi que du dividende proposé à l’Assemblée Générale. Une fois encore, ces résultats démontrent la qualité et la solidité de notre modèle économique.

L’an dernier vous nous parliez d’un L’Oréal plus universel, plus digital et plus durable. Comment ont avancé ces transformations stratégiques ?

Dans notre industrie de la Beauté, comme dans d’autres d’ailleurs, tout se transforme à une vitesse vertigineuse : les consommateurs, la communication, la distribution, la concurrence... Nous avons donc accéléré notre métamorphose vers le Nouveau L’Oréal : un L’Oréal plus universel, plus digital et plus durable.
Il s’agit de transformations profondes, qui demandent beaucoup d’énergie de la part des équipes, mais qui sont tout simplement indispensables pour s’adapter et renforcer notre leadership dans les années à venir. Or, c’est justement une des grandes forces de L’Oréal : savoir se remettre en question, se réinventer en permanence. Tout en restant fidèles à nos fondamentaux : une mission claire, la Beauté pour tous ; une stratégie originale, l’Universalisation ; le choix de la Recherche et de l’Innovation ; un portefeuille de marques diversifié ; une culture unique ; et des valeurs humanistes.

Que signifie un L’Oréal plus universel ?

C’est proposer des innovations parfaitement adaptées aux aspirations et besoins locaux. Partout dans le monde s’exprime un fort appétit pour la beauté. Dans le même temps, il y a cette envie d’avoir des produits adaptés à son type de peau ou de cheveux, à ses désirs, à sa culture et ses routines de beauté. Grâce à nos pôles Recherche et Marketing régionaux, qui fonctionnent désormais à plein régime, nos marques peuvent être à la fois aspirationnelles au niveau mondial, et totalement pertinentes au niveau local. Nous poursuivrons dans cette voie en 2016, avec l’inauguration d’un nouveau centre de Recherche en Afrique du Sud.

Et dans le domaine du digital, quelles ont été vos avancées ?

Nous avons fait des progrès importants et rapides en 2015. Nous avons ainsi réalisé 1,3 milliard d’euros de ventes en ligne, soit une progression de + 38 %. Cela fait du e-commerce l’équivalent du 5e pays du groupe. En Chine, le e-commerce représente d’ailleurs déjà plus de 20 % des ventes de la Division des Produits Grand Public. En outre, un quart de nos dépenses média se fait maintenant en digital.
Ce domaine renforce notre avantage compétitif et permet d’étendre notre leadership. Il ouvre de nouveaux horizons extraordinaires à notre industrie, de relation directe et personnalisée avec les consommateurs. Voyez le succès de NYX Professional Makeup, notre nouvelle marque de maquillage, totalement connectée, ou comment des marques comme REDKEN, LA ROCHE-POSAY ou KIEHL’S ont amplifié leur dynamique grâce à leurs avancées digitales. À nous de surfer le plus loin et le plus vite possible sur la vague de la connexion et de la personnalisation.

Avez-vous également accéléré votre transformation vers un L’Oréal plus durable ?

Oui, notre programme de responsabilité environnementale et sociale « Sharing Beauty With All » avance bien. Vous pourrez le découvrir en détail dans notre Rapport d’avancement, mais je ne prendrai ici qu’un exemple : notre objectif de réduction de 60 % des émissions de gaz à effet de serre. En 2015, cette réduction atteignait déjà 56 % par rapport à 2005, tandis que sur la même période notre production augmentait de 26 %. Nous démontrons par là ce qui a toujours été notre conviction : l’engagement pour le climat et la performance économique peuvent aller de pair. Nous avons également défini une ambition supplémentaire pour 2020 : être « carbon balanced », c’est-à-dire équilibrer nos émissions de gaz à effet de serre. Nous voulons apporter toute notre contribution à la limitation du réchauffement de la planète, en dessinant un modèle innovant d’entreprise bas carbone.
Toutes les équipes sont pleinement mobilisées pour se saisir de ces enjeux. J’ai d’ailleurs voulu que la Direction Développement Durable me soit directement rattachée, parce que notre engagement est transversal et stratégique pour l’ensemble des métiers, des marques et des pays.

L’Oréal est un pure player, et est déjà leader sur son marché depuis de nombreuses années. Pensez-vous être capables de vous développer encore dans le futur ?

Bien entendu. D’abord, parce que la beauté est un marché dynamique et porteur, qui continuera à se développer sous l’effet des évolutions démographiques, économiques ou sociales. Regardez, ces dernières années, comment la catégorie du maquillage a explosé. En 2015, sa croissance a été presque deux fois plus forte que celle du marché. C’est certainement en partie lié à l’explosion du digital, des selfies et des réseaux sociaux, qui favorisent la mise en scène de soi et donnent envie de se montrer sous son meilleur jour.
Et puis le potentiel de croissance, c’est aussi celui de notre groupe lui-même. En 2015, nous avons fêté nos 30 ans de leadership. Mais nous sommes un leader avec encore un énorme potentiel. Notre part de marché globale n’est que de 12,5 %. Cela veut dire qu’il reste encore devant nous plus de 87 % du marché. Je suis persuadé qu’en offrant les produits les mieux adaptés, les plus sûrs et les plus efficaces, nous pourrons continuer à séduire de plus en plus de consommateurs. C’est bien notre ambition.

Vous êtes donc confiant pour 2016 ?

Absolument. Notre objectif, comme toujours, est de surperformer le marché et de continuer à délivrer une croissance et des résultats solides. Et nous avons toutes les cartes en mains. Pour les raisons que je viens d’évoquer, mais aussi parce que nous sommes confiants dans notre modèle économique équilibré et créateur de valeur, et dans notre capacité à faire croître nos parts de marché.
J’ajouterais que nous sommes fiers et heureux de faire ce beau métier, d’aider les gens à se sentir bien et à avoir confiance en eux. En quelques mots, de rendre la vie plus belle !